l'ostéopathie et le nourrisson

« Chez l’enfant…le mouvement est tout ce qui peut témoigner de la vie psychique, et il la traduit tout entière, du moins jusqu’au Moment ou survient la parole. » HENRI WALLON

QU’EST-CE QUE L’OSTEOPATHIE ?

L’ostéopathie est une méthode thérapeutique manuelle qui s’emploie à déterminer et à traiter les restrictions de mobilité affectant les structures composant le corps humain.

C’est à la fois une philosophie, une science et un art. Une philosophie car l’ostéopathie s’intéresse à son patient, dans sa globalité somato-psychique. Une science puisque son analyse et son raisonnement s’appuient sur l’anatomie, la biomécanique et la physiologie. Et un art car le sens palpatoire de l’ostéopathe lui permet de sentir et de percevoir le dysfonctionnement et de rétablir le bon équilibre et la mobilité correcte de l’architecture des os du squelette humain, des tissus et des organes.

L’ostéopathie est une pratique en quelques sorte ancestrale puisque pratiquée de façon intuitive par l’homme depuis des siècles en Chine, en Grèce ou à Rome.

Cette discipline fut structurée à la fin du 19 -ème siècle, aux Etats-Unis, par le docteur Andrew Taylor Still (1828-1917), l’un des premiers à comprendre les rapports existants entre la notion de santé et l’équilibre fonctionnel de l’ensemble des structures du corps humain.

Elle repose sur trois grands principes décrits par Still :

-L’homme est fait pour fonctionner

-Il possède tout en lui pour assurer et maintenir l’état de santé

-Une structure doit garder sa mobilité pour autoriser une fonction harmonieuse et chaque partie du corps est dépendante des autres parties de ce même corps.

L’OSTEOPATHIE ET LE NOURISSON :

Lors de la première consultation, une observation minutieuse du bébé et plus particulièrement du crane du nouveau-né m’incite à demander aux parents de regarder de façon objective leur enfant. C’est alors qu’ils découvrent l’asymétrie du crane, une tête penchée, un œil plus petit ou plus bas que l’autre, les cheveux à l’arrière de la tête usés plus d’un côté que de l’autre, et qu’ils conviennent qu’il dort toujours du même côté.

En fait le bébé est malléable comme du caoutchouc. Dans le ventre de sa maman, le fœtus a peu d’espace dans sa poche utérine en fin de grossesse. Tète et corps sont enserrées par les structures molles et dures de l’anatomie maternelle, et subissent les premières contraintes mécaniques.

Lors de l’accouchement qui ne doit être ni trop rapide ni trop lent, la tête du bébé est soumise à de fortes contraintes. Celles-ci peuvent provoquer un déséquilibre mécanique membraneux ou osseux, pouvant retentir sur plusieurs fonctions vitales. Si l’accouchement est compliqué, l’obstétricien pourra utiliser des forceps, spatules ou ventouses pour diriger et/ou sortir la tête du bébé. Si ces manœuvres sont utiles, voire indispensables pour le bon déroulement de l’accouchement et la survie du bébé, elles risquent de perturber les structures fibro-cartilagineuses et membraneuses des os de la tête et de la face du fœtus.

C’est donc dire l’importance de montrer le nouveau-né à un ostéopathe, et, il est conseillé de le montrer le plus tôt possible, surtout s’il existe des « anomalies » visibles, une naissance difficile

DANS QUELS CONTEXTES CONFIER  LES NOURISSONS A L’OSTEOPATHE ?

Lorsque l’accouchement s’est déroulé sous péridurale ou qu’il a été volontairement retardé ou déclenché ;

Lorsque le travail a été trop long (plus de huit heures) ou trop rapide (moins de deux heures)

En cas de grossesse gémellaire

Lorsque le bébé s’est présenté par le siège, le front ou la face ;

Quand on a tiré trop fort sur la tête ;

Quand le cordon ombilical était enroulé autour du cou ;

Quand on a appuyé sur le ventre de la mère pour faciliter l’expulsion ;

Quand le bébé est prématuré (le crane est plus fragile) ;

Quand on a utilisé des forceps ou des ventouses ;

En cas de césarienne ;

En cas de souffrance fœtale, de réanimation même légère du bébé ;

Lorsque la maman a chuté sur le ventre ou sur le bassin dans les dernières semaines ;

QUAND CONSULTER ?

Hormis les nouveau-nés, de nombreux nourrissons pourraient bénéficier d’un « traitement ostéopathique ».

Il faut apprendre à observer son enfant et consulter quand :

Il dort très peu

Il se cambre en arrière quand on le prend ou quand on lui donne la tété

Le bébé est crispé avec les bras ou les mains raide

Il pleure tout le temps

Il est atone est à du mal à tenir sa tête

Il sursaute au moindre bruit et montre de petits tremblements

Il régurgite

Il ne digère pas et il est agité après la tétée

Il a du mal ou met un temps infini à téter

Il use ses cheveux derrière la tête de façon asymétrique

Il est tombé de la table à langer (même si les radios du crane n’ont rien montrés)

Il a une mauvaise position des hanches, des pieds

Il met toujours un bras en arrière

Il tourne toujours la tête du même côté et dort toujours du même côté

Il louche de façon permanente

Il a des otites et des bronchites à répétition, il présente une respiration bruyante

EST-CE DOULOUREUX ?

Non, le « traitement ostéopathique » n’est pas douloureux ; celui-ci est fait de façon douce, et souvent le bébé sourit ou s’endort lors de la séance.

L’ostéopathe « avec des doigts qui pensent, qui sentent, qui voient et qui savent (W.G Sutherland) », recherche les différentes anomalies de forme au niveau de son crane et de sa face. Il apprécie l’état fonctionnel de ses viscères, de sa colonne vertébrale, et de son sacrum.

Les manipulations des nourrissons se font toujours en douceur et toutes les techniques sont effectuées avec précision et dans le respect des structures traitées.

Lors des séances en ostéopathie, il peut arriver que le bébé se mette à pleurer, et parfois beaucoup plus fort que ce que les parents ont l’habitude de vivre. Les parents s’inquiètent donc que cela soit douloureux. Or, en ostéopathie pédiatrique, on ne force pas les tissus. Ces pleurs peuvent survenir lorsque l’on approche d’une zone qui a besoin d’aide. Pour simplifier, lorsque l’on subit une contrainte, qu’elle soit physique, émotionnelle, chimique … (et la naissance en est une) l’organisme met alors en place des mécanismes de défenses qui marquent le corps au niveau des tissus mais aussi au niveau des émotions. Lorsque le thérapeute propose une aide au corps du patient, ce dernier montre le chemin à emprunter pour libérer la tension physique mais l’émotion doit aussi être libérée. Cette dernière emprunte souvent la voie des pleurs pour un bébé.

Certains nourrissons vont être soulagés instantanément sur la table de l’ostéopathe ou dès la première soirée.

D’autres auront besoin de revoir une seconde fois (ou plus) l’ostéopathe.

L’OSTEOPATHIE ET L’ENFANT :

A l’âge de l’apprentissage, de la marche, des chutes, mêmes anodines, peuvent provoquer différents troubles :

Sommeil perturbé

Troubles ORL

Excitation, colère, énervement

Digestion perturbée, constipation

Déviation de la colonne vertébrale

Pieds ou genoux mal positionnés

Port d’un appareil dentaire etc

Les enfants agités, rêveurs, manquant de concentration voire porteurs de TDAH peuvent trouver une aide dans un traitement ostéopathique. Cela leur permet de se détendre, apporte une meilleure concentration. Les difficultés scolaires seront d’autant plus améliorées que le traitement est précoce, avant la pérennisation des troubles par des réactions en chaine.

Les troubles de la statique chez l’enfant (scoliose, lordose, cyphose) sont le signe d’une mauvaise adaptation du corps. Les causes (crâniennes, traumatiques etc…) seront déterminées par un diagnostic ostéopathique précis et suivies de leurs corrections avec l’aide éventuelle d’autres professionnels de santé.

La consultation en ostéopathie est utile de façon préventive chez l’enfant comme chez le nouveau-né, et je conseille aux mamans de montrer leurs enfants trois à six mois après la marche pour que l’ostéopathe vérifie la position des pieds, des genoux, des hanches et du bassin, ceci surtout si l’enfant a des jambes en X, qu’il marche les pieds en dedans…

Suite à une chute sur la tête ou sur les fesses, il serait judicieux de refaire le point avec l’ostéopathe. En cas de bouche étroite, palais ogival, il est conseillé de montrer l’enfant à un ostéopathe, cela peut lui éviter de porter un appareil dentaire plus tard.

Un enfant qui présente un strabisme, un astigmatisme peut être amélioré par un traitement ostéopathique en complémentarité avec d’autres professionnels de santé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sarah Lahssini